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Gabriel FRANCESCHINI

Apologie d'hier .

Je regardais, juché sur mes années d’hier,
Les couleurs de l’été et celles de l’hiver,
Je les trouvais plus pâles et je les sentais moins,
Embellir mon jardin et donner à ses fleurs
Ces contrastes si beaux, pleins de froid, de chaleur,
Qui de tous mes repères en étaient les témoins.

Parfois je me disais que le passé nous ment,
Des cendres ne pouvant pas venir le ciment
Qui scellent nos annales au profond de nos cœurs,
Les figeant à jamais en des statues de marbre
Pour pousser tout en nous, comme racines d’arbres
Véhiculant nos joies, nos peines et nos rancœurs.

Néanmoins dans ce sens, pris dans leur amertume,
J’entendais les romains, de leurs instants anthumes
Regretter vivement les us de ces moments,
Pour ne voir en demain que des bandes de huns,
Donner à leur déclin un bien mauvais parfum
Et préférer jadis à ces temps incléments.

Je prenais du recul, l’angoisse au fond des yeux
Quand vint à mon secours un lutin malicieux,
Me racontant l’histoire sous un autre tempo
Me rappelant l’automne et ses matins chagrins,
Ses froideurs de novembre et ses grands coups de grains,
Mettant à nos portées le même da capo !

Oui c’est vrai me disais je, le passé se déforme
Et on endort les moins aux vapeurs chloroformes,
Ne gardant que les plus et leurs charriots d’éclats,
Pour tirer le rideau sur tous nos jours de peine ;
En amendant le sang qui coule dans nos veines,
Le cœur donne à nos heures, l’heur de voir au-delà.

Il est ainsi des gens, qui au milieu des flots,
Se croient marcher debout au dur d’un tombolo,
Oubliant le néant des abîmes de mer
Où disparaissent au fond, les vues de leurs naufrages,
Pensant que du grand livre, en en tournant les pages,
On en oublie les affres et leurs larmes amères.

O triste duperie, ne tirant que sourire,
Te voulant de masquer, de la vie tout le pire,
Je te vois en onguent, à calmer nos douleurs,
Tant il est vrai, ma fois, qu’à tourner le couteau
Dans des blessures ouvertes, on a du concerto,
Que l’ultime rondo au thème du malheur.

Aussi, pour éviter ces vers trop délétères,
Qui font que nos poèmes exhalent trop la terre,
On cache sous le voile, aux lueurs du cristal,
Toutes les tragédies qui jalonnent nos vies,
S’imaginant ainsi, troquer nos exuvies,
Pour ne plus craindre Dieu et son sacramental.

Et si je ne voyais, moi aussi que l’obscur,
Qui couvre le présent, et grime le futur,
Me réfugiant pour ça, aux sentes du passé,