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Fred GUERLAVA

L'isolé

Au détour d’une promenade, en déni de Chimène,
Au pas du crépuscule, lentement je frémis ;
Nonchalant mes yeux tristes parcourent la scène
A chaque instant mouvante qui s’offre à mon dépit.

La vallée tranquille cajole des eaux tournoyantes
Qui s’en vont tomber au bord du monde,
Dans l’immensité jeter leurs écumes flamboyantes
Au fi des étoiles naissantes que l’œil inquiet sonde.

Sur la crête déchiquetée de ces rochers ambres,
Les arbres lancent leurs branches ébènes au ciel,
Qui, rougeoyant, les enflamme en mille cendres,
Reine déraison jette ses sorts démentiels.

Derrière, un son lointain tinte du village mutique,
Un catéchisme lancinant résonne aux tympans :
La nature vibre en ferveur et les moustiques,
Oiseaux, animaux, le marcheur, louent le vivant.

Malheureusement mon cœur, à nulle joie astreint,
Porte le regret d’une âme abandonnée.
Mes pas lourds comme plomb trainent sur le chemin,
A mes suppliques le destin est resté muet.

Des sauts géants bondis en botte de sept lieues,
De liturgies en oraisons, en corps, en esprit,
J’ai questionné les sages les plus fameux :
Las, le calice de ma vie, la même lie…

Des senteurs du soir, nul parfum ne m’atteint,
Des auberges animées, nul refrain enjoué ;
Criquets discrets, forêts écrins de mes pensées :
Mon cœur, toi envolé, tout est désenchanté !

Le monde tourne en mécanique d’horloge ;
Sans engouement je vois toutes ces affaires
Et je les ignore, même drapé de toge,
Ces spectacles, ces folies, ces chimères.

Quand même Saturne ses anneaux à mes pieds,
Orion, Rois Mages déposeraient mille cadeaux …
Désormais, las, plus rien ici bas ne m’attrait,
Mon souffle expire de tous ces fardeaux.