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François Olègue

Ce que je vois de ma fenêtre...

Ce que je vois de ma fenêtre
est simple et tout à fait objectif :
des centaines de toits en gradins
qui s’étendent jusqu’à l’horizon,
quelques rues semblables à d’étroits défilés
bordés de rochers abrupts,
des palmiers qui s’élèvent çà et là,
taches de mousse entre les pierres éparses,
et plus loin, presque invisible
derrière tant de murs de béton,
l’océan dont le souffle imprégné de sel
fait trembler, par moments, le châssis vitré.
J’aime beaucoup cette ville,
lorsque le soleil la câline
avec la tendresse d’un amant expérimenté,
et j’en désespère lorsqu’il pleut sur elle.
Ces jours nébuleux,
l’air irrespirable et le ciel gris obscur,
tous les événements me paraissent banals,
toutes les idées se pétrifient dans ma tête,
et la seule chose qui m’incite alors à penser,
c’est l’aspect singulier des nuages
d’où la pluie tombe, oblique et continuelle,
comme s’il n’y avait que de l’eau dans le monde entier,
comme si les nuages et les flots marins
avaient permuté de place.
Or, je les regarde, ces flots de la mer céleste,
celui-ci qui ressemble à une montagne renversée
ou bien celui-là qui rappelle un dragon chinois,
et je sais que, même étouffé par eux, submergé, noyé,
le soleil ne cessera jamais de briller,
et j’attends patiemment son retour...
Oh, Baudelaire,
quand est-ce que tes fantaisies me laisseront en paix ?