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François MATHIEU

L’échiquier

Je suis le carrelage pâle et foncé
Paradoxal dans ma propre existence
Difficile à déchiffrer, mais pourtant bien ordonné
Je suis tout et rien, à la fois confiance et méfiance

Je suis les huit pions à la fois
Fidèles serviteurs s’avançant les yeux clos.
Pouvant faire un départ de deux petits pas
Puis, pas à pas, on m’utilise dans une voie à sens unique

Je suis la tour, forte et inébranlable
Qui ne peut trembler qu’en son for intérieur
Je marche droit, presque imposant
Sans trop oser voir ce qui m’attend

Je suis le cavalier, prompt à réagir,
Je passe par-dessus les obstacles dressés,
Toujours prêt à servir et protéger
Dans une confiance aveugle qui peut me détruire

Je suis le fou : rigolo au cœur tendre
Parodiant mes pairs pour me faire entendre
Je marche de travers, mais le plus tragique
Même lorsque je suis sérieux, on me dit comique

Je suis la reine, à qui tout est permis
Je dois toujours intervenir, pour mes amis,
Et je me fait abattre par derrière
Lorsqu’on profite de mes faiblesses passagères

Je suis le roi, par qui tout se joue
Vieux, las et malade, mais toujours vif
Je commande, j’affronte l’ennemi
Il y a espoir, tant que je reste debout

Je suis la planche bicolore, indispensable,
Siège de tant de combats, tant de silences
On peut toujours compter sur moi, sur ma table
Pour ouvrir le jeu, ou le laisser en latence

Je suis un échiquier et n’ai jamais connu
D’autres échecs que les amitiés qui m’ont déçu.