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Francis LEDER

Le mendiant et le bourgeois

Un mendiant avait pris pour habitude
D'aller se présenter chez un bourgeois
Chaque semaine, le lundi matin,
Quémander l'aumône pour sa survie.

Par foi, compassion et sollicitude
Le bon bourgeois lui donnait chaque fois
La somme coquette de vingt florins,
Avec une certaine bonhommie.

Un lundi, conformément à l'usage,
Le quémandeur frappa chez le marchand,
Qui ce jour-là, semblant triste et gêné,
Lui donna deux fois moins que de coutume.

La stupeur se lisant sur le visage
Du pauvre récipiendaire indigent
Le bourgeois, lui dit un peu attristé :
"Las, mes affaires baissent de volume."

On voyait à sa mise et à sa mine
Que de toute évidence, il disait vrai ;
Nous savons tous combien, dans le commerce,
On peut connaître des hauts et des bas.

"C'est triste que ton négoce décline,
Dit aussitôt le mendiant, en effet,
Mais si c'est TA fortune qui s'inverse,
Pourquoi devrais-je en subir le tracas ?"