L'artiste-peintre et le médecin
Un jeune artiste-peintre à l’adresse réelle
Vivait dans sa maison en compagnie d’un chien ;
Un matin, au réveil, son compagnon fidèle
Était si fatigué qu’il semblait mal en point.
Notre artiste aussitôt fit mander en urgence
Qu’un voisin bienveillant aille vite chercher
Son médecin traitant afin que de sa science
Il vienne faire usage en son art de soigner.
Quand enfin arriva l’élève d’Hippocrate,
La vue de son patient faillit le faire choir
- Je sais soigner, dit-il, intestin, foie et rate,
Mais c’est du genre humain que j’ai tout mon savoir »
Tout est-il différent, en art vétérinaire ?
Après tout, je suis là, examinons ce chien
Et voyons si je puis de son mal nous défaire »
Se dit le médecin, voulant faire le bien.
Sitôt dit, sitôt fait. Ayant palpé la bête
Et l’ayant auscultée, il fit son diagnostic,
Puis sortit un flacon du fond de sa mallette,
Ainsi qu’un onguent à l’aspect du mastic.
- Trois gouttes de potion, dit-il, parlant au maître,
A lui faire avaler avant chaque repas,
Cette pommade-ci, il faudra la lui mettre
Sur la langue et les dents, tant pis s’il n’aime pas !
Il devrait aller mieux avant une semaine »
Promis le praticien, enfilant son manteau.
L’artiste se sentant allégé de sa peine
Demanda le montant de ses frais médicaux.
- Habituellement, la médecine humaine
Est l’art que je pratique et dont je fais profit
Et m’occuper d’un chien, non pas que ça me gêne,
Mais acceptez-le donc comme un acte gratuit ! »
Le peintre insista tant, se sentant redevable,
Que le bon médecin eut une inspiration :
« J’ai de nouveaux volets, vous seriez bien aimable
De les peindre pour moi, c’est ma rétribution ! »
