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Francis LEDER

L'âne et l'eau

Un âne avait pour chargement habituel
Un grand nombre de sacs de sel
Chaque jour l’aller était le plus dur voyage
Son bât permettant l’accrochage
D’une impressionnante quantité de ballots.
Le retour reposait son dos,
Parce qu’il revenait presque toujours à vide !
Tout âne n’est pas un candide,
Et ce bourricot-ci était assez malin.
Il s’était trouvé un chemin
Qui rencontrait en la croisant une rivière
Et, tout en marchant sur des pierres,
Il pouvait aisément passer en hautes eaux,
Où les paquets sont au niveau
Pour que l’onde atteigne les sacs et les caresse
Afin d’alléger sa détresse
En faisant fondre un peu de sel discrètement !
N’est-ce pas du discernement ?
Mais il ne faut jamais agir par habitude
Rien n’est acquis par certitude.
Survint un jour où l’on changea le chargement
Des sacs plus légers, sûrement,
Mais l’âne n’y prêta qu’une attention distraite
Reprit sa routine douillette,
Alla par son chemin qui mouille les colis,
C’est là qu’il fut bientôt surpris :
Plutôt que d’alléger, l’eau fit l’effet contraire !
Il eut beau résister et braire,
Il fut vite entrainé vers le fond du torrent,
Ses ballots pris par le courant.
Le petit âne périt vite par noyade
Après une ultime ruade.
Il ne comprit jamais ce qu’il s’était passé
Pour de la sorte être emporté.
C’est ridicule de mourir, quand on y songe,
À cause d’un paquet d’éponges !