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François SAUVAGEOT

A Constance

Je lui parlais la nuit, puis j’attendais le jour,
Qu’elle m’écrive un vers, une strophe, une stance ;
Elle avait un ami, j’avais trouvé l’amour,
Elle était jeune et belle et se nommait Constance.

Ses yeux m’avaient conquis, mon cœur était à elle,
Je ne désirais qu’elle, ah Dieu qu’elle était belle !
Je lui disais souvent à quel point je l’aimais,
Aujourd’hui c’est sûr, je n’aimerai plus jamais.

Que ne puis-je, emporté par le vent de l’hiver,
Vain objet de mes vœux, m’élancer jusqu’à toi ;
Je songe à ces doux instants, mais c’était hier :
Mon amour était grand, tu ne veux plus de moi.

Je me souviens du temps où j’étais ton candide,
Mon cœur était rempli d’espérance, il est vide !
Quand je désirais une place dans ton cœur,
Tu me disais que c’était l’amour d’une sœur.

Tu es pour moi cette sœur que je n’avais pas,
Qui me tiendrait la main et me prendrait le bras ;
Oui je t’aime, mais lorsque je sonde mon cœur,
Je réalise que tu es plus qu’une sœur.

Mais tout le bonheur qu’on sème, hélas n’éclot pas,
Un plus heureux t’aime, et bien va, cours dans ses bras.
Tu me disais souvent qu’il fallait être fort,
J’ai tenté de l’être, mais mon cœur était mort.

Je n’ai jamais connu la douceur d’une femme,
Mon cœur n’a jamais reçu l’amour d’une dame,
Mes yeux n’ont jamais vu dans les siens cette flamme,
Qui aurait su raviver l’espoir dans mon âme.

Les plaisirs, je ne les vis plus qu’en souvenir,
Quand je pensais à toi, j’oubliais mon malheur ;
Mais parfois je l’avoue, oui j’envie ton bonheur,
Je maudis cet amour qui ne veut pas mourir.

Tu étais tout pour moi, je n’étais rien pour toi,
Tout n’était qu’illusion, ce n’était qu’un doux rêve ;
Mais je dois m’effacer, accepter cette loi ;
Je songe encore à toi, au rêve qui s’achève.

Tu étais tout pour moi, je n’étais rien pour toi,
Oui mais c’était hier, tu ne veux plus de moi.
Tu m’avais dit d’attendre et j’avais attendu,
Je n’avais pas compris, que tu ne m’aimais plus.

Tu ne m’attendais plus, mais j’espérais en vain,
Je n’avais pas compris, que je n’étais plus rien.
Tu fus pour moi ce rêve, ce printemps d’un jour,
Mon cœur était la sève, et la fleur mon amour !