Passé notre jeunesse et l’hymen éclairci, Nous sommes naufragés et nous restons ainsi A toujours rechercher dans les mers insipides, Le bonheur de naguère à nos amours limpides Et leurs baisers aussi !
Les portes de nos cœurs autant que de nos âmes Ne savent se renaître aux lendemains des flammes Eteintes de l’oubli, éteintes de l’enfant Qui au soir hurle en cris dans un noir oliphant Sa défaite et ses drames !
Ainsi est fait le temps, ainsi est fait le sort Et nous irons rampant jusqu’à tombeau qui dort Usé et laminés d’absences et d’automnes, Où tout fait se répète, où des vents un peu jaunes Font attendre la mort !
Voyez vous chère dame autrefois demoiselle Que je vous ai cherché à crever ma cervelle Par delà le voyage et son doux souvenir Qui jamais ne revient – N’allez pas me punir Restez encore belle !
Car c’est dans ce portrait tant prié qui ne mute, Dans ce rêve menteur que je mande ma chute, Car il n’est plus de paix, car il n’est plus d’oubli Passé notre jeunesse et le deuil établi De la première lutte !
Au paradis peut-être et encor je ne sais, Satant portant parfois d’intenables excès Où l’on emporte aux cieux que de vertes fatigues D’avoir couru le rêve au delà de ses digues Sans le moindre succès !
Ha l’infini naufrage et l’immense torture L’homme ne sait aimer sans se faire blessure Sans pleurer et cela jusqu’au plus loin tombeau Où toujours insoumis le passé au plus beau Lui revient et susurre