L’Artiste avait sa main posée à mes cheveux, Ainsi que des regards épris de mille feux, Ecrivant un émoi pareil à des griffures, Douces, étranges d’or, des baisers en morsures. Puis je sentais à nous une double saveur, Comme on sent quelquefois des jumeaux dans le cœur. Elle était là dansante et de plus en plus folle, Mais le pas silencieux, mais les yeux en luciole ; Et son ongle au matin qui reflétait l’azur Semblait pouvoir le soir prendre marques au mur ;
Ma lèvre se laissa tenter à cette femme Reniflant au baiser le félin qui se pâme Comme une ombre discrète et forte de chaleur Qui dans le soir montant prenait un trait rageur. Je senti de ma main ( sa robe déchirée ) Sa jambe tout nue étonnement fourrée Ainsi que sa pensée ivre de mots charmants Que chantaient sans répit de longs rugissements ; Mon oreille à son cœur semblait voir une jungle Comme un rêve vivant descendu de sa tringle !
La Nuit poussant alors l’extrême obscurité, Je ne la voyais plus, rien que la Volupté, Puissante de l’ivresse ainsi que de l’Artiste Qui sait peindre à son corps le désir qu’elle insiste ; …Spectacle de l’aurore – un rayon opalin - La bête m’apparue en superbe félin A l’ œil encore bleu, dans mon cœur sédentaire, Il était face à moi une femme panthère.