L’État est la mère des cendres Que renferment les urnes De même que Saturne Repus des chairs si tendres Des amis de la France Et de leurs descendances Qui muent lentement en Cassandre
Son corps brasse les citoyens Sans compte des printemps Depuis leurs dix-huit ans Jusqu’aux plus vieux doyens Qu’importe leur fortune Leur poids dans la commune Qu’ils soient bourgeois ou gens de rien
Les filles de la République Écartent leurs jupons Comme une invitation A tous ces yeux lubriques A gagner sans surseoir Les pans de l’isoloir Et sa cabine d’obstétrique
Quand débutent les contractions Tous chuchotent leurs voix Sur des papiers de foi Césarienne expulsion Du choix sous enveloppe Soi-disant philanthrope Du peuple et ses contradictions
Au sortir de l’accouchement Le parent file droit Lé bébé dans les bras Qu’il glisse doucement Dans des boîtes dodues Aux sourires fendus Sous l’œil scrutateur de Maman
Les urnes ingèrent ainsi Le timbre des espoirs Des enfants blancs et noirs Contre la presbytie De tous les technocrates De tous les bureaucrates Et leurs missi dominici
Mais ces urnes consument Tous les éclats de voix En une seule foi Et à titre posthume En bébé monocorde Effaçant les discordes Conformément à la coutume
Un eugénisme anonyme Qui réduit au silence Les classes en sous France Du peuple cacochyme Conquis par les sophistes Aux mirages fascistes Leurrant les médias fourbissimes
Plus de phare ni de Lumières Pour guider les espoirs Des enfants blancs et noirs Du pays de Voltaire Et couper l’Ombilic Du pouvoir et sa trique Tapi dans l’ombre des chaumières
Seul reste le temps d’avorter D’oublier les acteurs Au profit des moteurs Sans la fatalité Préférant la mission D’un véto dans l’action Pour recouvrir la liberté
Car l’abstention n’est plus un crime Mais un vent de révolte Qui bat et qui récolte Les graines de ses trimes Sans autre soumission Que cette sécession Pour cette engeance illégitime
Il faut changer les voix d’échelle Sous peine de tomber Et périr écrasé Sous la masse irréelle Du vote et son suffrage La cause d’un naufrage Qui jadis rêva d’universel
C’est le moment d’ouvrir la bouche De sortir de la tombe De conquérir le monde D’animer l’escarmouche Pour vivre à l’unisson Et dire à la nation Plus question de mourir en couche
Que se lèvent les nécromants Qu’ils arrosent les sens La vie et son essence La Belle au bois dormant Qui entrouvre l’enceinte Et s’écrie sacro-sainte Fêtons l’heureux événement !