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Erwan AMIRI

Le faiseur d'anges

L’État est la mère des cendres
Que renferment les urnes
De même que Saturne
Repus des chairs si tendres
Des amis de la France
Et de leurs descendances
Qui muent lentement en Cassandre

Son corps brasse les citoyens
Sans compte des printemps
Depuis leurs dix-huit ans
Jusqu’aux plus vieux doyens
Qu’importe leur fortune
Leur poids dans la commune
Qu’ils soient bourgeois ou gens de rien

Les filles de la République
Écartent leurs jupons
Comme une invitation
A tous ces yeux lubriques
A gagner sans surseoir
Les pans de l’isoloir
Et sa cabine d’obstétrique

Quand débutent les contractions
Tous chuchotent leurs voix
Sur des papiers de foi
Césarienne expulsion
Du choix sous enveloppe
Soi-disant philanthrope
Du peuple et ses contradictions

Au sortir de l’accouchement
Le parent file droit
Lé bébé dans les bras
Qu’il glisse doucement
Dans des boîtes dodues
Aux sourires fendus
Sous l’œil scrutateur de Maman

Les urnes ingèrent ainsi
Le timbre des espoirs
Des enfants blancs et noirs
Contre la presbytie
De tous les technocrates
De tous les bureaucrates
Et leurs missi dominici

Mais ces urnes consument
Tous les éclats de voix
En une seule foi
Et à titre posthume
En bébé monocorde
Effaçant les discordes
Conformément à la coutume

Un eugénisme anonyme
Qui réduit au silence
Les classes en sous France
Du peuple cacochyme
Conquis par les sophistes
Aux mirages fascistes
Leurrant les médias fourbissimes

Plus de phare ni de Lumières
Pour guider les espoirs
Des enfants blancs et noirs
Du pays de Voltaire
Et couper l’Ombilic
Du pouvoir et sa trique
Tapi dans l’ombre des chaumières

Seul reste le temps d’avorter
D’oublier les acteurs
Au profit des moteurs
Sans la fatalité
Préférant la mission
D’un véto dans l’action
Pour recouvrir la liberté

Car l’abstention n’est plus un crime
Mais un vent de révolte
Qui bat et qui récolte
Les graines de ses trimes
Sans autre soumission
Que cette sécession
Pour cette engeance illégitime

Il faut changer les voix d’échelle
Sous peine de tomber
Et périr écrasé
Sous la masse irréelle
Du vote et son suffrage
La cause d’un naufrage
Qui jadis rêva d’universel

C’est le moment d’ouvrir la bouche
De sortir de la tombe
De conquérir le monde
D’animer l’escarmouche
Pour vivre à l’unisson
Et dire à la nation
Plus question de mourir en couche

Que se lèvent les nécromants
Qu’ils arrosent les sens
La vie et son essence
La Belle au bois dormant
Qui entrouvre l’enceinte
Et s’écrie sacro-sainte
Fêtons l’heureux événement !

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