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Dorothée PASTUREL

Ô mon enfant

Je suis une enfant sauvage,
Que la lune a portée
D'un arbre sans feuillage
A l'eau du marais.

Depuis l'aube, je m'indigne
De l'arme que je détiens,
Malgré l'ombre mutine
De mon ange gardien.

Mais si cela me bouleverse
De n'être ni de voir,
Aucune larme je ne verse
Dans l'écume du soir.

"Ci-vit, l'animal me dit,
Souffre, récolte ta peine,
Il sera trop tard dans ton lit
Pour vouloir être reine."

Ma lame n'est pas mon âme
Mais elle est lourd fardeau
Pour mon coeur qui rame
Sur les insondables flots.

Je suis une enfant sans âge,
Que le souffre a forgé,
Forçant certains barrages,
Niant les tranchées alliées.

Ni du noir ni de l'ivoire
Ne provient l'existant.
Ni au calme ni au revoir
Ne se conjugue mon présent.

De mon cerveau se rit l'étau,
Qui m'enserre de son fer
A la croisée des chemins bourreaux,
Sur l'autel des muses légères.

Je suis une enfant otage,
Dont le vent s'est joué,
A travers le temps et les mirages,
Puis qui s'en est allée.

Je suis une enfant sans gage,
Qui verra de tout temps
Que le pied ne requiert de cordage
Quand le coeur est inconstant.

Je n'augure plus ma place
Du soleil à la ronce.
Seulement le siège du rapace
Qui jamais aux sens ne renonce.

Qu'adviendra-t-il du tombeau,
Prochain voyage littéral
De la nymphe et son couteau,
Nés de l'éclat du cristal.