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Dorothée PASTUREL

Don du temps

Ma patrie pour ces hier sans lendemains,
Mon royaume pour ces songes parfumés,
Mon trésor pour ce temps de collégiens,
Ma maison pour ces chaudes nuits d’été.

La mort n’a dans la vie que ses regrets.
Ô comble d’exutoire, il n’y a pas de délivrance !
Que nos propres mots d’amour insensés,
Nos tristes choix et notre ignorance.

Mais…

Il est des mers rêvant d’étoiles,
Il est des vents soufflant le calme,
Il est des cœurs hissant les voiles,
Il est des doigts touchant les âmes.

A leurs heures frivoles, ils ressentent
Les do, les mi, les sol, cette harmonie
Au nom de laquelle les hommes enfantent
Et oublient un moment leur misanthropie.

J’ai souvent oublié la joie et sa force.
J’ai souvent préféré mes sombres soupirs.
Pourquoi y ai-je vu une sorte d’amorce,
Une profondeur d’esprit qui s’inspire.

Il n’y a pas de grâce pour l’ombre
Dans la vie du soleil qui sourit.
Il n’y a guère d’embarras pour la tombe
Qui s’enfonce, qui va, qui pourrit.

Le passé n’est plus.
L’avenir ne sera pas.
La mort est l’élue.
Mais le présent est bien là.

Je tarderai donc ce soir à m’étendre
Dans ce lit, cette vie, cette chance.
J’oublierai ce talent de m’épandre
Sur cette heure qui aurait pu être romance.

Dans sa couche, sous ses Chrysanthèmes,
Le mort sait que ses nombreuses larmes
Ont emporté son sel et ses « je t’aime »
Au gré des flots, du trépas de ses charmes.

J’attarderai donc mes yeux dans le temps,
Sur ce point d’envol vers les cieux,
Vers cet être de chair et de sang,
Dans ce miroir où il brille, où il pleut.

Que les fleurs colorent le monde,
Que les eaux inondent les failles,
Que les hommes forment une ronde,
Mon cœur voit, il a vaincu sa bataille.


Dido,
05/06/07