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Dominique SIMONET

A François, mon Frère

Lorsque j'avais cinq ans, tu parus au berceau,
Sous les yeux bienveillants d'une attentive mère.
Nous étions déjà trois, une soeur, un grand frère,
Même le plus long fleuve a besoin d'un ruisseau!

En suivant tous nos pas, dernier de la famille,
Tu courais dans le vent, heureux sur le chemin.
Souvent dans mon passé, je revois le gamin
A l'air malicieux et ce regard qui brille!

Un jour, tu décidas, voulant être maçon,
En quittant sans regrets les vieux bancs de l'école,
Grimpé sur un échelle et les mains dans la colle,
Le dur métier choisi t'apprenait sa leçon!

Au rêve aventureux d'un amour de jeunesse,
Ton âme s'est éprise et ne l'a plus quitté,
Comme on cueille au jardin la rose de l'été
Qui garde pour toujours son parfum, son ivresse.

Devenant imprimeur, ainsi que notre aîné,
Rien ne te rebutait, généreux à la tâche,
Ta force de Titan se jouait d'une hache,
Mais devenait candeur auprès d'un nouveau-né.

Une petite fille, au doux nom de Christelle,
Apporta le bonheur au sein de ta maison.
Rien ne pointait encore au fond de l'horizon,
Le temps coulait joyeux comme une cascatelle.

C'est en pleine chaleur, tu n'avais pas trente ans,
Cette année avait mis l'habit de sècheresse,
Le soleil prodiguait largement sa caresse,
Quand le sort te frappa, cruel, et pour longtemps.

Qui saura dire alors le rage et la souffrance,
Tous les lits de douleur et les mois d'hôpital?
Présente et sans faillir jusqu'à l'instant fatal,
Elle était toujours là, ta chère Marie-France!

Ta voix forte et puissante était notre Noël,
Quand nous chantions unis le jour de renaissance.
Tout au fond de ta tête, infini du silence,
Peut-être entendais-tu ce refrain éternel!

C'est vrai, dans cet espace, un corps n'est que poussière
Que l'on voit s'envoler sur les ailes du vent.
Mais ton beau souvenir restera bien vivant,
Ton âme brillera d'une intense lumière!

Reviens souvent guider vers l'amour et l'espoir,
La route de demain pour les tiens et ta femme.
Gardons dans notre coeur cette petite flamme,
Réchauffant l'avenir, ainsi qu'un feu du soir.

La vie est un flambeau, la mort un grand mystère,
Regardez vers le ciel, j'y crois, je vous le dis!
En gagnant sur la terre un coin de Paradis,
Tu vis là-haut sans fin, tout près de notre Père!