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Dominique LEURS

Grand-Maman

Du siècle dernier finissant
Tu venais Grand-Maman
Trop court tes nonante-quatre printemps
Trop tôt se terminèrent à Nouvel An
Enfance sage comme avant
Fierté de tes parents
A l'école bien travaillant
Mais jusque douze ans seulement
Métiers à tisser d'antan
Odeur d'huile s'évaporant
Te firent tomber maladivement
Sur sol dur et ruisselant
Toute ta vie de jeune femme durant
Et jusqu'a épuisement
Quatre fois enfantant
Et éduquas d'autres enfants
Par deux fois saloperies d'Allemands
Par deux fois guerre surmontant
Années noires vivant et oeuvrant
Comme une folle pour enfants grandissants
Bien trop tôt enterrement
De mari aimé passionnément
Aucun autre dans le divan
Pour nous se consacrant
Tes mains se flétrissant
Au fil de tous ces ans
A bout de labeur pour ton sang
Tous nous élevant
Parfum de plats mijotant
Tard dans les ans
Pour petits et arrières-petits enfants
Aujourd'hui encore je les sens
Ces quelques mots griffonnant
C'est l'hommage de tes enfants
Qu'à grands cris défendant
Les liens du sang
Tes mains tremblantes se déformant
Par tant de travail inexorablement
Posées contre mes joues si souvent
Les serrer contre mon coeur encore une fois seulement
Père Schilling vénérant
Même moi moins croyant
Je sais très bien pourtant
Qu'un jour te rejoindrai éternellement
Mais que puis-je faire en attendant
Que me remémorer tes cheveux d'argent
Et dans tes yeux qui ont vu tant et tant
Me revoir enfant.