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Cypora SEBAGH

Le gardien de l'enfer (le chêne d'Auschwitz)

Si tu pouvais parler, ô chêne maléfique,
Toi qui fut le témoin de ce passé hideux
Et d’êtres déchirés, hantés et faméliques,
Torturés et broyés par des bourreaux haineux !

Ils étaient citoyens et l’on en fit des bêtes,
Que dis-je, des cafards, la lie du genre humain,
Toi qui les a connus… juifs… bohémiens… prophètes…
Si tu pouvais parler, raconter leurs destins !

Les trains qui arrivaient dans la maudite gare,
Déversaient, chaque jour, une marée humaine,
Des femmes, des enfants, des hommes, des vieillards…
…La lune se taisait au chemin de la haine.

Si tu pouvais parler, ô chêne douloureux,
Nous dirais-tu leur mort ? Nous dirais-tu leur sang ?
Automne, hiver, été, printemps importaient peu
Pour tenir chaque jour, chaque heure et chaque instant !

Si tu pouvais parler, ô chêne délétère,
Nous dirais-tu les fours ? Nous dirais-tu la faim ?
Barbelés, miradors, kapos totalitaires,
Les chiens aux dents de loups… l’enfer arachnéen !...

Si tu pouvais parler, toi le chêne impassible,
Nous dirais-tu le gaz ? Nous dirais-tu les coups ?
Les jours comme les nuits, la terreur indicible
A l’âme chevillée, l’espoir au fond du trou ?

Ecoute-moi enfin, ô chêne légataire !
Toi qui fut ce témoin…peut-être leur ami ?...
N’oublie jamais, qu’ici, tans d’âmes ont péri,
Toi qui gardes, toujours, la Porte de l’Enfer !