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Cypora Boulanger

Le Tigre, le Goupil et le Cerf

Un Tigre, musardant un jour sur la colline,
Aperçut au lointain un beau Cerf tacheté,
Qui sous les arbres verts tranquillement broutait ;
Tout en se faufilant, s’approcha en sourdine,
A l’idée du festin, déjà se pourléchait.

Le Cerf fut à ce chat de peur paralysé !
Puis, songeant à la fuite, il lui fallut ruser :
L’enn’mi étant un bleu et de Cerf n’ayant vu,
Se retournant encor’, le Cerf donc se reput
De l’herbe verte et drue qu’il broutait jusqu’alors,
Frétillant de la queue… tout en bravant la mort.

S’approchant de sa proie qui mangeait en silence,
Le Tigre dit alors : « - Pourquoi tant de distance ?
N’a-t-il pas peur de moi ?! Je vais le dévorer !
Dites, Monsieur le Cerf, et sans vous offenser,
A quoi servent vos bois, de fière allure, si beaux ? »

« - C’est pour mâter les chats, les tigres, les taureaux ! »
« - Et les traits, c’est pourquoi ? » lui dit le scélérat.
« - Chaque fois que j’abas un tigre, un loup, un chat,
Un trait vient s’ajouter : ça me fait un trophée ! »

A ces mots, tout tremblant, le Tigre détala.
Tout en courant très vite, en route, il rencontra
Un Goupil, que l’histoire entière il raconta.
Goupil se mit à rire : - il s’est moqué de toi !
[Le Tigre, effarouché, n’arrêtait pas d’trembler]
- Allons, viens avec moi et je vais te montrer
Qu’un cerf n’est pas le Maître au cœur de nos forêts !

Lorsque le petit Cerf aperçut l’équipage,
Il comprit, aussitôt : Goupil avait bavé !
De sa plus belle voix, évitant le carnage,
Bravant les deux larrons, le Cerf s’est écrié :
« Goupil, mon cher ami, tu m’avais hier promis
Un tigre bien charnu pour en fair’ mon profit !
Je vais me régaler et je te remercie ! »

A ces mots, prononcés d’une absolue tournure,
Le Tigre épouvanté s’enfuit à toute allure,
Tout en fermant, avant, le tranchant de ses crocs
Sur Goupil sidéré, abusé et penaud !