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Colette DAPREMONT

Ardennes

Il est mort en novembre et le trois,
En chassant dans les bois en Ardennes.
C'était bien messieurs dames le trois
Jour de saint Hubert ! Quelle veine !
Il gelait à n'pas mettre dans un bois
Une vieille lune de son âge.
Il ne fit donc plus un pli quand moi
Clotho, je mis mon osseuse image
Dans son coeur.

Je me nomme Clotho la froide,
Celle qui vous aime bien roides .
Oui c'est moi Clotho l'enjoleuse,
Celle que l'on nomme la fileuse.

Mais avant de lui sauter au cou
Je lui fis sa dernière heure douce :
Il mangea fort bien et bu beaucoup ,
Ria haut d'un qui eut à ses trousses
Cett'brute de porc qu'à coup sûr et
Grâce à lui on lierait sur l'échelle.
Riait-il quand elle montra son nez
Cette grosse bête que l'on ficelle ?
Il eut peur à en mourir .

Ce furent les chiens qui les premiers
Tentèrent de lui rendre la vie
Laissant les hommes et le sanglier
Se fausser à grand bruit compagnie .
Enfin ,l'esprit aux hommes revenant
Après vains gestes et vaines paroles
L'on déposa délicatement
Le bougre sur l'échelle à bestiole.
Je n'l'ai pas ma mère , j'vousl'jure
Trié sur ce volet dur !

La veuve vit se changer son destin
Quand les hommes et les femmes curieuses
Envahirent gravement son chemin.
Elle courut la pauvre malheureuse
Se chercher un bien propre mouchoir.
Puis ce fut la journée solennelle,
Grand jour de calcul sur tableau noir.
Y'avait l'Henri, l'Albert et une telle
Et la fille d'la soeur du mari d'ma soeur...

On compta les couronnes et les fleurs,
Les voitures, les hommes , les femmes,
La durée d'la messe, les enfants d'choeur
Même les sons d'cloche, oui Madame !
Eh bien ma mère, tu n'vas pas m'croire
Mais j'ai vu les chandelles en pleurer
Depuis,
Quand je vois une chandelle en pleurs
J'n'ai plus envie de faire un malheur

Je me nomme Clotho la froide ,
Celle qui vous aime bien roides .
Oui c'est moi Clotho l'enjoleuse ,
Celle que lon nomme la fileuse.