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Claude HARDENNE

Les trois portes

On ne meurt que trois fois – D’abord c’est la lumière
Qui te pète les yeux tant c’est beau d’infini
Tes minuscules yeux, petit grain de poussière
Et fait battre ton cœur tambour d’or symphonie

Tu es le petit né des splendeurs océanes
Des douceurs des chaleurs et du grand cœur qui bat
Tu es l’île larguée loin des terres médianes
Et ton cri va cogner les murs très loin là-bas

Chassé du paradis exilé des magies
Te voilà viande crue nu dans cet hôpital
Toujours s’accrocheront toutes tes nostalgies
A ce rêve tranché par le scalpel brutal

*

On ne meurt que trois fois – Et revoilà la Femme
Celle qui t’a nourri te renourrit encor
De baisers de câlins d’étincelle et de flamme
Comme si dans ses yeux naissaient des villes d’or

Et tu en es l’amant le roi couvert de gloire
Tous les deux appelés à régner à jamais
Vous foulez de vos pas ces terres dérisoires
Fécondant les bonheurs bâtissant vos palais

Tu construis peu à peu ce grand livre d’images
Autour d’elle et de toi et de tous tes enfants
Crèche bâtie pour tu ne sais quels rois mages
Mais partout te suivront tous les regrets d’avant

*

On ne meurt que trois fois – Voici que tu es seul
Portant tout le fardeau des paniques glacées
Redoutant ce cercueil en planche ce linceul
En grosse américaine noire et déplacée

Tout quitter tout laisser carré noir dans l’azur
Tu glisses lentement Le néant te submerge
La vague obscure passe et le vent souffle sur
Ton vaisseau éloigné de la dernière berge

Et l’île où tu abordes ce grand rocher sec
C’est la dernière auberge – ou est-ce la première ?-
Tout s’éteint Revoilà la peur la mort l’échec
- Et pourtant devant toi revoilà la lumière –