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Christine GOURDON

La petite maison au bord de la mer



J'existe depuis un peu plus de cent ans déjà.
Les années m'ont donné une incroyable beauté !
Mon toit de tuiles rouges, met en valeur mes murs, pas droit
Blanchis à la chaux et habillés de fenêtres bleutées.

Devant moi, à mes pieds, le sable, puis, à perte de vue, l'
Immense tapis aux reflets bleus et argentés.
A l'horizon, juste en face, l'Ile d'Yeu et son phare bien
Qui semble vouloir la quiétude de l'endroit nous prouver.

On m'a aimée, adorée, chouchoutée, choyée... !
Chaque printemps, on m'a nettoyée pour éviter l'érosion.
La façade, les boiseries, repeintes, frottées...
Le jardin taillé, fleuri, refleuri, avec tant de passion.

Souvent témoin privilégié de grands bonheurs,
J'étais le théâtre des plus belles scènes de fraternité,
Ou encore, dans les moments de doute, de douleur,
Dans mon ventre on venait toujours se réfugier.

A mon âtre, des coeurs et des corps se sont réchauffés
Au hasard d'une soirée d'hiver en amoureux
Profiter du silence, du roulis des vagues, s'abandonner...
Ou encore d'un chagrin, d'une rupture, faire le point, au

Les enfants, jouaient, riaient, chantaient autour de moi.
Ils cueillaient les fleurs des rosiers qui tapissaient ma fa
Avant de se mettre à table dans un joyeux brouhaha
Alors que dans la cuisine, s'activait la "brigade".

Les passants s'arrêtaient souvent devant moi.
Leurs yeux trahissaient une certaine envie.
Ils me dévisageaient du plancher jusqu'au toit :
"Cette petite longère est magnifique ! Elle n'a pas de pri

C'est vrai que je n'avais pas de prix !
Ou plutôt si ! Un énorme prix ! Le prix du coeur !
Le prix qui n'a de valeur que celui de la vie...
Celui qui est toujours vainqueur !!!

Je me pensais insaisissable, indestructible et pourtant...
Pourtant, aujourd'hui, mes murs se lézardent...
Mes planchers s'écartent tel un sol défaillant...
Je le sens, je le sais, je suis devenue vieillarde...

La dernière décennie m'a volé ma beauté... Sans scrupule.
Xynthia a fragilisé sans pitié mes fondations
Elle a couché, arraché les arbres, dévoré la dune
Puis, elle a attendu que les marées continuent son action...

Au fur et à mesure que passent les mois,
Les vagues sont plus fortes encore...
A leur guise, les habitations, elles frappent,
Allant même jusqu'à entraîner les humains vers la mort...

Aujourd'hui, je suis triste. A mes pieds, le vide.
Dans mon ventre aussi, le vide. Plus de meubles.
Plus d'habitants non plus. Ils sont partis. Livides.