sur Vie
De ce ventre en gésine, fierté de mon père,
Par contrat paraphé de son sang, hypocrite,
Au confort douillet des entrailles de ma mère,
La vie m'a arraché, sans aucun plébiscite.
Condamnant ma jeunesse à se voir vieillir,
Punition sévère pour l'avoir malmenée,
Malgré mes suppliques, s'acharne à ternir
Instants d'allégresse, d'amour et de pensées.
Ce désert d'être que je traverse parfois,
Assoiffé, attiré par des mirages d'espoir,
Moments de répit où se précipite ma foi,
Grain par grain dans le sablier du soir.
Et puis mon esprit s'apaise et se rassure,
Promesses de l'ego qui se veut vainqueur,
Guerrier fragile qui sans cesse se mesure,
Au temps qui passe éternel et moqueur.
Ma volonté, alors, se rebelle et s'insurge,
Refusant de céder aux pressions obscures,
se revêt de l'armure du grand Démiurge,
Sauvant, ainsi, mon âme de la pire torture.
Alors surprise par ce déploiement de force,
La vie part rechercher une nouvelle proie,
Aucune peine à trouver de faibles écorces,
La terre est son domaine, elle y dicte sa loi.
Bien sûr, elle viendra à nouveau me tester,
En guettant le moment de possible rechute,
Chaque fois mieux armé afin de l'affronter,
Expérience acquise à nombre de nos luttes.
Mais elle finit, toujours, par arriver à fin,
Forte de sa patience, triomphe, la diablesse;
D'enfer ou du paradis, jamais nul ne revient
Traiter dame vie, de perfide traîtresse!.
© Christian Ventre de la Touloubre
