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christian PONCEBLANC

48 - L’assureur et la Fiancée


Ce matin je me lève plein d’espoir
Ayant eu je crois une riche idée
Voilà m’sieur l’assureur, j’ai une nouvelle fiancée
Je veux me prémunir…Enfin je voudrais l’assurer
Et « l’autre » me regarde, louchant sur sa cravate rayée
Avec dans ses yeux une vague lueur effrayée
L’assurer ! L’assurer ! Comme vous y allez…
On assure le poignet ou le coude d’un tennisman
La voix d’un chanteur à succès
Ou les jambes d’une danseuse-étoile
On assure sans le moindre délai
Les fisc-louteries de Florian Pagnit*,
Les moustaches de Salvador Daly,
Mais le produit d’assurance que vous demandez
Assurer une personne dans sa totalité…Désolé,
Nous n’avons rien de tel dans la maison.
Même chez les suisses, faites vous une raison !
On ne peut pas assurer
Une nouvelle fiancée.
Mais monsieur l’assureur, c’est inepte, injuste.
Vous assurez volontiers en pièces détachées
Alors pourquoi pas dans la totalité !
Ma fiancée, comprenez !
Elle est tout à la fois : ma sirène
Car dans l’eau c’est une vraie reine ;
Mon petit oiseau de paradis
Avec elle je ne suis plus en survie,
Et du soir au matin je souris.
C’est mon myosotis, mon petit cabri !
La fleur de mon secret jardin
A laquelle je pense soir et matin.
Une danseuse, un colibri, un cabri,
Qui a mis mes yeux à l’abri
De la noirceur du monde ;
Et dans mon cœur une joie profonde.
Et « l’autre » me regarde desserrant sa cravate rayée
Nous n’assurons pas non plus les sirènes…
Par contre pour les oiseaux de paradis, j’ai un barème !

* nom déposé