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christian PONCEBLANC

175 - Courrier confit né

18/4/2020
S.
Oui je sais, je t’ai écrit la semaine dernière. Ne hausse pas les épaules ; Ne fais pas ce petit ?hon? de gorge qui, sans vouloir te manquer de respect, évoque un peu le chameau qui blatère ! C’est encore moi qui viens avec mes mots et qui, habituel, déblatère.
Je rêve en t’écrivant et je me dis que dans une autre vie, si j’ai le temps, je ne serai jamais à l’évidence platokaoliniphile, mais pourquoi pas stylophile ! Assurément angélophile pour te mettre dans ma collection, mon ange ! Alors, t’avoir toujours à portée de souffle, de regard ; Et puis te toucher du pinceau de mes yeux, te regarder avec les autres yeux (nombreux) au bout de mes doigts. Te respirer, poursuivre du regard le bruit de tes pas : les petits bruissements du réajustement des habits et autres éléments complexes de notre mécanique humaine.
Les exagérations sonores des habits et parures de filles ne sont pas étudiées comme elles le devraient. C’est un élément théâtral, un lever de rideau des rencontres trajectoires style boules de billard. Platokaoliniphile : (plat) pour assiette et kaolin (sorte d’argile) donc collectionneur d’assiettes en faïence ce qui est paradoxal ; Le kaolin sert à fabriquer de la porcelaine ! J’avais parcouru la liste des types de collectionneurs dans le dictionnaire, mais elle semble bien trop courte pour être exhaustive.
Stylophile, certainement : Ces objets d’écriture permettent de faire renaître à l’infini, nos vies par les mots et les mots de nos envies. Mots bien sages confinés dans les dictionnaires et ceux que la pudeur étouffe dans ma mémoire.
Alors cette lettre qui ne dit rien d’important, sinon combien je tiens à toi, je vais jouer à pile ou face la possibilité de l’envoyer.
La poste marche toujours au ralenti et j’imagine qu’un postier à cheval irait plus vite par la montagne, qu’un facteur en tournée. Le temps du coucou arrive – coucou de cette lettre et coucou qui dit le printemps et suscite en moi, un agacement. Je n’ai jamais de pièces dans mes poches et à chaque fois de chaque année, je le regrette quand j’entends, du coucou : Le tout premier chant. Il est bien dit que c’est la condition nécessaire et suffisante (?) pour devenir riche. Aussi, tant pis pour moi !
À bientôt ! Qui sait ! Le destin suit sa propre logique…

Je t’embrasse en confinement du bout de mes mots démons, mes mots dûment démunis.
C.