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Chimay ORDUVAL

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Le h en est muet quand je voudrais l'hurler
Jusqu'à ce que l'écho se rappelle ma voix
Le h en est muet j'ai dû trop l'aspirer
A force d'essouffler des comètes de soie

Pourtant j'ai libéré les lettres de leur cage
Et la montagne au moins se rappelle ma voix
Pourtant j'ai libéré le feu sur chaque page
Mais il ne reste rien des comètes de soie

Le vide est le vélin sur lequel j'ai écrit
J'ai su l'ensemencer dans un lacet de phrases
Et chaque goutte d'encre et chaque idée depuis
Batifole au hasard dans un lacet de phrases

Et chaque goutte d'encre imbibe le treillis
Volant de maille en maille ailes gonflées d'extase
Le vide est le vélin mais je le sais qui vit
Sa texture palpite ailes gonflées d'extase

C'est un calque en relief sculpté recto-verso
La vallée devient col pour qui tourne la page
C'est un calque en relief chaque sens chaque mot
Contient son négatif et l'eau est un rivage

Parfois la brise émue fait tinter les cigales
Le panier en osier louvoie comme un serpent
Le mistral est rageur le drapeau claque au vent
Girouette emportée de rafale en rafale

Le tout part en fumée quand tombe sur l'enclume
Surchauffée la vapeur des trombes d'eau transies
Si c'est pour être sobre autant ranger la plume
Que l'épée soit trempée par l'écume en furie

La muse aime la mer le ressac le tumulte
Et sait ressusciter les cendres des chevaux
L'ivresse de l'air frais sur sa peau qui exulte
Fera bientôt revivre un nouvel écheveau

Parfois sur le filet les cheveux des étoiles
Déposent doucement de ces tresses bouclées
Si fines que le fil paraît soudain grossier
Et qu'il faut invoquer les fées du carnaval

Pour arriver à rendre un zeste de beauté
A l'éclat qu'on retient dans une lampe à huile
Gloire à la perspective au trompe-l'oeil fertile
Car ils sont la racine où l'astre peut germer

Si la lettre est éteinte elle n'attend qu'une âme
Pour redorer ses feux tout vibrant de mystère
Le son est un joyau un vivant hologramme
Tapis dans la pénombre et guettant la lumière

L'étincelle c'est toi dont le coeur est ouvert
Toi dont la voix sensible allume des soleils
Toi qui voit rougeoyer à travers la poussière
Le pétale assoupi d'une rose vermeille