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Charly LELLOUCHE

Toute une vie

On arrive sur terre à l’aube de sa vie
Sans bien sûr deviner tout ce qui nous attend ;
Pas l’ombre d’un souci, seule pousse une dent,
On vous donne à manger, on dort jusqu’à l’envie.

Et un jour le bambin, gamin va à l’école ;
Avant d’avoir cinq ans on était insouciant,
Voilà qu’il faut écrire et lire, être un enfant :
On nous dit d’obéir et on vous met en colle.

Devenu un ado, on est en jeux de rôles,
La voisine d’en face, on en est amoureux,
On ose la charmer, quatorze ans, "on est vieux",
On a poussé d’un coup, comme les herbes folles.

Voilà qu’on a vingt ans, bouffés par les études,
Forger son avenir, litanie des parents,
Il nous faut réussir, fini d’être insouciants
Et l’on sait que bientôt les soucis seront rudes.

Un jour à vingt six ans, voilà qu’on se marie,
Fonder une famille, en un partage à deux,
Voir naître les enfants en des moments heureux
Et, à les voir grandir, "c’est pour toute la vie".

D’arrache pieds on bosse à se faire un pactole,
Vacances à payer, acheter sa maison ;
On a mille projets jusqu’à la déraison
Mais le temps fait son œuvre et tout n’est plus très drôle.

Quand le divorce arrive, on entre dans l’étrange ;
Certains de nos amis deviennent ennemis,
Les enfants sont perdus, se retrouvent meurtris,
Et l’on devient le diable alors qu’on était ange.

On se retrouve alors "nouveau célibataire",
Éphémères liaisons, la voie libre, on s’y fait
Et, n’étaient les enfants, c’en est presque parfait ;
En de nouveaux amis, on n’est plus solitaire.

Et puis à soixante ans ce sera la retraite,
On pourra vivre enfin tous ses rêves enfouis,
Ne plus jamais courir, ni les jours ni les nuits,
Le temps n’aura plus cours, on fera place nette.

Puis ils disparaîtront, un à un, Paul et Pierre,
Mais si l’on sait chanter, on a l’éternité,
Faire ce que l’on veut, un Vent de liberté,
Et on oublie alors tous ceux qu’on met en terre.

Un jour on a cent ans mais le temps n’a pas prise,
On conte son histoire à ses petits enfants,
Aux "arrières" aussi qui eux comptent vos ans,
Disent que l’on radote en vous faisant la bise.

Puis, à cent dix neuf ans, on n’ose plus vous dire
"Jusqu’à tes cent vingt ans", ce serait indécent
Mais, quand "ce jour arrive", en terre on vous descend…
Là vous ressuscitez et vous les faites rire,
Amen.