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Charles-Henri MENIVAL

Poème phonétique

Nous nous sommes connus un matin sur la côte
Et l’amour commença. Ce n’était ni ma faute
Ni la tienne : un hasard. Lorsque je nous revois
Toi parlant sans me voir, moi t’admirant sans voix,
Marchant sans savoir où, sans suivre de chemin,
Je me dis c’est dommage en pensant à demain.
Car chaque jour qui naît, comme le fer qu’on mouille
Les souvenirs, les voix, les visages se rouillent.
L’amour lui-même s’use et si nos cœurs abondent
Encore aujourd’hui de sentiments, la bonde
Qui les retient fuit. Chaque fois qu’on la cogne
Quand de toi je me moque ou quand sur moi tu grognes
Quand je n’ai pas raison, ou quand tu m’en accuses
Quand tu m’attends pour rien, quand j’attends des excuses
La bonde de nos cœurs laisse échapper un peu
De notre amour le beau, le tendre et le pulpeux.
Lorsque le Temps patient aura, en mauvais gars,
Assez causé en nous de ses mille dégâts
Nous pourrons contempler de nos amours la plaine
Immense et désolée aussi vide que pleine
Jadis. Ne restera que le vague parfum
Rance, comme toujours, des souvenirs défunts.
Et des mouches par mille en d’infâmes nuées
Viendront pour dépouiller notre idylle tuée.
Tu me rendras mon cœur et bien sûr en échange
Je te rendrai le tien. Tu diras « les temps changent »,
Une dernière fois, je te dirais « ma sœur »,
Et nous nous quitterons un soir dans la douceur
Ou un jour dans la haine, au bois ou au parking.
Le Temps ne connait pas le mot « happy-ending ».