Elle regarde pousser les fleurs Et s’enivre de senteurs nouvelles. Elle attend aux portes du jardin perdu Que refleurissent le lilas, celui des beaux jours, Qu’on offre à grandes brassées de bras ouverts Et qui embaume l’air de son parfum délicat. Elle l’aime mauve Et ne saurait dire pourquoi. Le blanc est pourtant fin et délicat. Mais son éclat est sans doute trop pur Pour son cœur fatigué…
Elle affiche les couleurs de sa passion Et dans l’odeur grise des villes, Qui claquemurent les cœurs en sourdine, Le vent souffle sur ses joues trop sèches Et rougies par le piquant, le vif… Qui s’insinuent en terres arides,
Elle est cette femme que la foule épie Méprise, décrie. On réinvente sa vie Réécrit son histoire. Mais qui est-elle, cette femme ? Muette de secrets mystères…
Et pourtant C’est elle, vous, moi La mère, la fille, la sœur L’absente. Celle qui se tait et regarde. Femme de l’ombre ou de la lumière, Moulée de l’argile, d’éternelle ou d’éphémère, Elle se cache, parmi les hautes herbes, Et écoute le chant des brins qui se balancent Sous la caresse de la brise.
Elle regarde pousser les fleurs, Celles qui n’ont pas d’épinesà vous écorcher le cœur. A l’ombre du saule, qui la couvre de son feuillage. Elle retrouve la fraicheur de l’enfance perdu, Quand tristement se meurrent les saisons…
Elle regarde pousser les fleurs… Celles qui grandissent là Dans le silence des grandes plaines Et n’ont que l’apparence véritable D’être là pour offrir leur parfum, leur nectar, Déployant leurs pétales vifs Sous la chaleur du soleil.
Elle regarde pousser les fleurs… C’est tout ce qu’elle sait faire… Et c’est bien suffisant…