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Catherine GRAND

Gamine


Poupée tête coupée
Ne bercera plus
Les genoux
Des petites filles écorchées
Les joues rouges, pleurant
Aux murs des barbelés.

Au champ dormant
Le coucou a perdu
Jusqu'au goût de chanter.
Le mirador à sonné,
L'herbe est couchée.

Plus loin, le corps d'un enfant
Laboure les vagues.
Dans la buée, les racines du coeur
Sont à peine à une aile de la terre.
Dans l'embarcation accorte
Les mains jointes au silence des leurres
Les petites filles sont mortes.

Tranchée nette, projetée
Ne dort plus, comme absente
Sur le drap blanc
Qu'on tire au corbeau immense.

L'oeil fixe, sous la veilleuse
Seuls les vivants, grands ouverts
Cavités béantes
Survivants sans paupières
Regardent l'hypogée
A ciel ouvert

Coiffure à l'enfant
Bouclée répandue sur le sol,
Sourcils, robe claire,
Petite bouche
Souliers très découverts,
Pieds et mains souillés,
Du visage noir, du blanc,
Des mouches.

Dos au mur en bataille
Des hommes obliques
Qui longent leurs rangées
Ne détournent pas
Leurs jambes maigres
Balisant l'hécatombe
Ils mâchent des racines
Sans arrière-pensée.

On appose des scellés
Sur les lèvres épaisses
De la gamine
Une poupée de chiffon
Saigne à son cou.