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Catherine GRAND

Au miroir des vanités


AU MIROIR DES VANITÉS

Un jour
On a plus d'âge
Plus d'apparence,
On semble flotter
Comme cela
En alternance,
Avec monceaux de cheveux blancs
Et le teint délavé,
On a plus de beauté profane
Et plus de poids à la pesée.

Un jour
On a une drôle de dégaine
Manteau noir de grand deuil
Long jupon trépassé,
De mitaines ajourées aux Mains endolories,
Et cette mouche coquette
Que l'on garde
Comme meilleure amie.

Les yeux verts
Si verts,
Mais posés vers quel ailleurs ?
Se font encore plus clairs
Qu'ils vous font peur !
Dans le miroir embué de la salle de bains
Vous donnent en clair
Un air lointain.

Ils auraient tant à dire
Les mirettes de la fille
Aux yeux clairs

Ils ont tout vus
Tout subis,
Tout supportés,
Tant endurés.

Ils ont regardés le soleil en face
Et la mère morte
Ils ont priés le sacré
Le divin
Ils ont priés
Que vienne la fin.

Ils ont pleuré
Dans tant de verdure
Tant de maisonnettes

Œil d'olive Martini
Œil de cresson
Sur son lit d'orties
Suspendus bon an, mal an
Aux racines de la vie.

Œil de jade où d'émeraude
Pour les hommes de sa vie
Vert espérance trahi
Par les promesses de l'aube
Et les songes évanouies

Oeil vitriol menthe
Pour la fille menthe à l'eau
Dans le sirop limonade
De jours sans bulles,
Mais combien
De mantes Religieuses
Penchées sur son berceau

Un jour
On a plus d'âge
Plus de maladies
On à tout bu
Tout vécu
Tout combattu
Jusqu'à la lie.

Et l'amour cerné
De toute part
Pose un regard
Blessé sous le fard.

On est ailleurs
Un jour,
Avec ses rides au coeur
Ses ridules à l'âme
Et son vert sapin
D'éternel féminin

On se pense
Poupée de cellophane
Survivante à tous ces drames
Poupée de cellulose
Jusqu'à la prochaine
Métamorphose.

On promène sa peau de chagrin
Dans quelques escarpins
De ville,
Et les vestiges
D'une moue badine
Dans quelques ballerines
D'étoile corsetée
Sans corps de ballets.

Un jour,
On croque à la psyché
Son propre auto-portrait
Avant les fleurs de cimetière
Avant l'anathème
Avant la curée

Miss diadème
Au miroir des vanités
De ces natures mortes
Diaphanes
Que l'on dépeint
Toujours près
D'une carafe en étain

On a plus d'âge
Plus d'apparence
On semble flotter
Un jour,
Comme cela
En apparence

Une année rampaille
Sur une autre année
On à des accrocs
A son chemisier
Et les dessous chics
Ont filés.