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Catherine GRAND

Au café de Flore

Au café de Flore
Quand la soirée se termine
Une histoire recommence
Celle de Camus, ou de Beauvoir
Ou celle de Sartre tenant le crachoir
A Picasso, croquant Paul Eluard
Sur la nappe en papier du bistrot.
Dora y passe aussi, de temps en temps
C'est pleins de mots bavards
Et de vers gourmands.
Des bourgeois, venant de nulle part
Se perdent dans la fumée, des boulevards
Des réverbères, et celle des cigarillos.
C'est encore l'heure miroir
L'heure des hommes en noirs, et des desperados.

Au café de Flore
L'été parle à l'automne
Des dandys débraillés
Des intellectuels autochtones
Poètes égarés, comédiens redondants
Se rencontrent ici
Au moins, depuis mille ans.

Mémoire de Saint-Germain
De la "Gréco" blonde
A tous les chemins
Des artistes maudits
Journalistes, où reines de la nuit
Échangent dans un drôle de regard
La page de garde, de leur dernier bouquin
Coup de coeur, où sombre histoire de mascara
Déjà tout se dissipe dans le premier taxi
Qui attend au loin.

Les existentialistes parlent toujours de libération
Et refont autour d'un café, le monde à leurs façons
Mais les garçons efféminés des prés de Saint-Germain
Ont délaissés le Flore, pour le quartier du Marais
Plus gaie encore.
Le dernier philosophe à la mode
Échancre sa chemise, devise sur son oeuvre
D'une complainte longue et lascive
Sur l'abandon des corps.

Le souvenir de Sartre hante ce purgatoire
Et le deuxième sexe de Beauvoir

En hiver, le dernier chocolat chaud
Dans la salle art déco, se fait mignardise
A la porte des Églises, comme dernier credo.

Ici c'est la légende que l'on paie, non l'addition
La clientèle afflue, les prédateurs s'évitent
Les touristes dans leur tour de Babel
Se font un selfie de l'intelligentsia
Flore à des relents mystiques
Du beau spectacle d'antan, qui se donnait là