Sur le pupitre noir des mains grasses pétrissent La mollesse des nuits où le bruit du papier Comme l'émail usé de mourantes actrices Dans la couche me joue un cor contre mon pied
La balade des jours que la montre colporte. Sur l'épaule de l'heure: Un même baluchon. Entre l'aube menue et l'aurore si forte, Le dur rhinocéros, l'apathique cochon
Je reste sur la feuille une piètre risée. Au bout de l'écritoire un rire dans le vers. Le poète greffant sa chair martyrisée Au poème endormi... La rime de travers...
Chaque soupir devient une nouvelle enclume Dans les poumons en feu de monstrueux sumos. Une poche de gaz que l'étincelle allume Pour y voir s'embraser les lambeaux de mes mots.
A mes doigts engourdis une plume trop raide Offre son encre sèche... Au verbe grimaçant, Dans l'eau qui tourbillonne: Une dérisoire aide... A la feuille trop blanche: Une bouée en sang...
Des bris de la boussole à la corne de brume Des colosses dressés sur de fiers rugissants Naufragent en mon « IL » des grimaces de rhume... Dans mes docks endormis: La morve des passants...
Des jours vierges d'amour, noirs comme la pénombre, Entre les blanches mains innocentes du sot Ligaturent ma bouche aux épines d'une ombre Pour y loger les cris de mon premier berceau.
Ils viennent déloger jusqu'aux gongs de la porte. Je renifle déjà la froidure de l'air. Les pétales tombés d'une tulipe morte... Sur la truffe du chien: M'inhument dans son flair.
Sans couronne de roi, sans fortune, sans gloire, Ma reine de vie au château du Clos Lucé Ecoute gémir les ménestrels de la Loire, Le troubadour des vents à l'air désabusé...
Et bientôt un parfum d'Amérique Latine Pimentera mes nuits lorsque de l'abat-jour Je verrai le papier comme une gélatine... Respirer... Quand vivant: Il s'habille de jour...
Je verrai les mots roux que la pensée arrime Aux feuilles mortes de ma vie et tout de go M'écraseront le coeur et ma dernière rime Dans un paquet fumé jusqu'au dernier mégot.