Au fond des certitudes que sont devenus les idéaux ? Demain… Aujourd’hui… Maintenant… Tour à tour font leurs rodéos. Sur le lac Léman, à Genève, une vieille horloge jetée Au cœur du jet d’eau se disloque… Et se brise sur la jetée ! Une heure morte de trac, morte ! Ô fine ouïe, l’entendez-vous ? Sur les planches du souvenir entrer au théâtre des fous ! Des pantins désarticulés tiennent bout à bout la ficelle Où coulissent comme jadis les boutons de la varicelle. Au bord des fenêtres l’odeur aillée des déjeuners ingrats, Les taches sur la nappe blanche où des dizaines de doigts gras En sauce, ensemble, endimanchés enlèvent le surplus de graisse, Les derniers bouts de chair dans la carcasse d’un poulet de Bresse. Des débris d’os entre les dents se reflètent dans l’œil rieur D’un interminable repas qui remonte de l’intérieur. Dans la cabine suspendue au-dessus de cette autoroute Reliant les massifs alpins au puits profond de ma déroute… Je tache à l’encre indélébile, aux stigmates d’ongles griffant La tôle échauffée d’un plaisir dur comme une peau d’éléphant. Téléphérique du Salève encastre au flanc de la montagne La réminiscence ébranlée entre caresses et castagnes, Le glas de l’angélus d’hiver par le crépuscule effrayé… Soir de neige de ton duvet rembourre mon froid oreiller !
Dans la cabine suspendue au-dessus de cette autoroute Reliant les massifs alpins au puits profond de ma déroute…