Je contemple ma vie à genoux sur la roche. Parfum d'encre, de craie... Odeur de cahiers bleus Du plus lointain des jours un souvenir s'approche Et ce souvenir-là devient plus douloureux.
Maintenant que je suis en pleine adolescence Je me revois encore étourdir de baisers Cette robe épousant les contours de l'absence, Ce parfum dans des jeans et des tee-shirts froissés.
Je revois Le prénom, entre des lignes droites, D'un amour graffiti... Sur les premiers parpaings Qui s'élevaient alors en des cages étroites, Cloisonnant mon coeur tels de vulgaires lapins.
Maintenant que l'adulte est un autre moi-même, Que j'ai vu s'assombrir des horizons entiers. En ces berges tout seul. Tout seul je me promène... Sur ces berges au gré de tortueux sentiers...
... Et pareil au roseau que le Rhône taquine Je me penche. Je bois de douloureux moments. Que le temps semble laid dans son heure coquine... Les secondes pour moi sont de piètres amants.
Puisque la vie est une digue construite Pour affamer les coeurs en de rouges étangs. Paresseuse la carpe... Insipide la truite... Derrière le rocher: O pêcheur, tu m'attends!...