Je m’ouvre comme un livre, une sombre caverne, Une aube encore noire où le chien du matin Sans être loup-garou, trêve de balivernes, N’en est pas pour autant le Milou de Tintin.
J’étais ce que je suis : deux êtres se confondent, Deux pareils, deux « Moi-même ». Aux lauriers de César, Une queue de persil, sous les neiges qui fondent, S’unit au thym blanchit par le sel du hasard.
Le teint devient plus blême et les neiges moins blanches, La paupière moins haute et les cheveux plus gris, Le crâne dérangé par l’arrêt d’une clenche Immobile dans la pêne du sans-abri.
L’obstinément têtu trouve devant la porte, Dans le trousseau, les clés de stupides princi- -pes qui dans la serrure à chaque tour m’exhortent Et me poussent encore à demeurer ainsi.
Suis-je une page vierge ou suis-je une œuvre dense ? Une trace de bête aiguillant le penseur Se meut, l’air hébété, comme une chèvre danse Follement dans les champs des jonquilles en fleurs.
Je suis lettre d’hiver sur des rondins, dans l’âtre, L’indifférence éteinte aux cendres des graviers. Brûle-t-elle d’amour pour ceux que j’idolâtre ? Aux quatre vents hurlant deux fois : « Si vous saviez ! ».
Elle enveloppe tout du géronte immature. Tout du reste d’ailleurs se cache édulcorant L’implacable déni de l’hostile nature D’une corniche haute ôte des cormorans.
Le cœur fossilisé redémarre le rite Du silence immuable entre nous malfaisant Comme un écho d’avril de chaque marguerite Arracherait des mots complètement taisant.
Où la dague des mots pour toute une famille Toute soustraite de toute négation Racle, sinon le cœur, les gousses de vanille Comme un piment de feu dans la crémation.
Des bouquets de tendresse ou des paquets de nouilles ? Après l’escargot court le jeune lévrier, Mon pas qui danse avec des cuisses de grenouilles Comme un vingt-neuf derrière un trente février.
Vous qui n’êtes pas loin ni trop près mais en face, Les rossignols dormeurs et les serins blasés Piaffent depuis toujours : « Les amis on s’en passe ! » Et finalement je ne m’en suis pas passé.
En finirais-je un jour de vous rendre visite ? Du 31 décembre aux basques du second Je marche… Je m’arrête. Immobile, j’hésite À dévêtir mon être immensément abscons.
Je suis un pic à glace et je n’ai pas de manche Ni de second couteau ni des crocs de boucher Simplement des mots las qui lisent le dimanche Au chevet de l’aurore avant de se coucher.
Que mes rêves obscurs, de trente-six chandelles, Éclaire votre monde aux yeux du loup-cervier Où, frissonnant je rêve aux fraîches chanterelles Sous la grêle du soir d’un chemin forestier.