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Célédonio VILLAR GARCIA

Il neige sur Nemours

Couverture de glace, oreiller de rocaille !
Tombez flocons transis des nues que l'on écaille
Pour colmater l'empreinte enfouie dans le sol...
Tourne ma tête, tourne ainsi qu'un tournesol !
Cherche l'étoile d'or, céleste, solitaire !
Les démons d'hier ont remué ciel et terre.
Dans les mains du vaudou, des corbeaux calcinés
Nourrissent les esprits d'amants assassinés !
Encore chaud, un corps s'endort sur quatre jantes.
Les stagnantes saisons, fraîches, intransigeantes,
De caresses aussi froides qu'elles dans la
Tombe des bleus à l'âme enlacent l'au-delà
D'un moment presque doux ; Sur un tapis de Perse
L'autre à l'angle plus vif, plus tranchant me transperce.
D'une truffe pointue elles viennent humer
Les chiennes de Cerbère, à ce bal costumé,
La cire ensanglantée au visage de l'homme
Où la main de la mort dans ses rides slalome.
Des étoiles de l'ombre elle vient de ses skis
De ma propre chaleur déglacer les whiskys.
Des fantômes de neige habillent un squelette
Et de ma propre chair et de ma propre tête !
Impudique strip-tease : As-tu honte d'y voir
Et ma vie et ma mort dans le même miroir ?
Des 14 juillet de leurs feux d'artifice,
Mal an contre mal an, ébranlent l'édifice.
Dans la boule jetée aux bastilles de vair
L'éclaboussure lors des solstices d'hiver
De son linceul de glace enveloppe ma tête...
Déjà le chant des morts honore l'épithète !
Tout enseveli par le maïs fermenté,
De par le ciel et de par la terre aimanté
Je suis : Deux prête-noms inhibés dans deux chokes ;
L'un et l'autre titan ; Deux êtres entrechoquent,
De doigts difformes et de bouts d'os divaguants
Une simple adresse au fond de la boîte à gants
Au pliage enfantin de joujoux qui se rayent
A mes ongles... Le bruit fait saigner mes oreilles !
Des carlingues de mots d'azuréens prénoms
Sur mes lèvres en feu disent non ! Non et non !
Trois non à ce chien qui a posé son derrière
Et son museau ballant sur la lunette arrière
Où des faciès de marbre en vierge de Lisieux
Tombent à mes côtés, un pieu entre les yeux.
Un oeil sur le bitume ; Un oeil que son frère aille
L'arracher maintenant à ce tas de ferraille.
Funeste oraison, gloire à tes ratons laveurs !
Dans ma bouche la vie a perdu ses saveurs.
Au balcon de l'Eden, dans des iris turquoises,
Je reluque la pluie au-dessus des ardoises
Du grand échafaudage où prennent les amours
Le grand air du printemps ; Il neige sur Nemours !