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Célédonio VILLAR GARCIA

Aussi loin vont les nuages

Tranquille. L’écurie a des guides, des longes,
Dans la grange le foin du canton de Collonges.
Aux chemises l’énigme, en selle le rébus
Du cochon paresseux et des chevaux fourbus
Qui se couchent sur nous… Leur mollesse m’écrase
Sur les adieux de crin d’une desserte rase !
Et l’aube tinte… L’aube et moi nous ricochons
Sur le fer à cheval des tueurs de cochons !

Sur un tesson d’azur bleu comme autrefois. Comme
Aujourd’hui dans mon œil provoque le leucome,
Les prunelles en bave, ô regard, tu rejoins
Un aveugle qui saute et ressaute à pieds joints
Un objet, une chose, un machin, un bidule,
Une poussière à l’œil crevé de la pendule.
Du haut de vos sabots comme vous me tordiez !
Tellement à l’envers que je me mords les pieds !
Fulgurante douleur en berceuse effrayante
Je me suis endormi, nappé d’une eau bouillante,
Le corps endimanché comme des êtres chers
De toutes dents mordant d’inaccessibles chairs.
Que la racine de singulières jonquilles
Effacent les carreaux du bout de ses béquilles,
Des carreaux comme des carrés de caramel
Où l’exquise douceur à l’âpre calomel
Se frotte de mon rire aux longues plaintes graves…
Entre mes doigts sucés jouissent sans entraves !
Et l’aube tinte… L’aube et moi nous ricochons
Sur le fer à cheval des tueurs de cochons !
D’une hache qui tombe elle est mon sarcophage.
Dans la grande prairie un délit de fauchage.
Une plume arrachée à l’aile de l’oiseau ;
Bancale dans l’air : Il chatouille mon museau !
Dans le mille du crâne une excroissance noire…
Comme un trou minuscule : Il pleut dans ma mémoire !
Sur le banc de la mort se repose le nerf
De la tête pendante et des pattes en l’air.
Dans l’œil exorbité, le flou désembuage
Me couvre de buée exsudant d’un nuage,
D’une forme si douce à caresser. Le bel
Azur pirouettant dans sa tour de Babel
Décalque d’un trait d’ombre une tête de Maure :
Ma figure de proue. Et je me remémore…
Un mélange pastel sur l’horizon bleui
Par un trop-plein d’amour. Une sauce aïoli
Atrocement piquante accentue à mes lèvres
La marinade au cœur des poumons et des plèvres,
D’amiante jeté. À ma langue, soudain
Couverte de salive et d’une eau de boudin,
D’hommes décomposés, la famine bâillonne
D’une tranche de gras, un jambon de Bayonne.
Dans les gueules en fleurs d’ogres du carnaval
Le grand Maître affineur de son os de cheval
Pique. Pénètre l’aube… Ainsi va boutonneuse
Cette main colmater une chair cotonneuse.
Tendez, tendez l’oreille ! Écoutez le chacal
Gémir dans les grands monts du jour dominical !
L’ombre écarlate vient sur de grandes échasses
Me pendre à ses carmins. Je voudrais que tu saches :
Que le rouge qui perle au bout de ce crochet
Ne vaut guère plus cher qu’un vinaigre de chai !

Et l’aube tinte… L’aube, écumeuse de rhume,
Naufrage dans mon IL des grimaces de strume !
À l’ongle de l’index, à l’encre d’ongles gris
Sur les lignes tordues du soupirail j’écris…
Comme sur nos étés s’époumone le râle
De la belle saison aujourd’hui septembrale
Où des larmes à moudre en ce filtre roidi
Goutte encore le marc du café refroidi…