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Benoit MORARD

Trois personnes marchaient

Dans les deux années qui le suivirent,
Il ne les avait pas vus,
Parce qu'ils étaient derrière.

Ils étaient derrière,
Et grimaçaient derrière son dos:
Ils tiraient la langue,
Faisaient tourner leurs yeux exorbités,
Ils faisaient des bruits, et montraient de l'os.
Et les voilà maintenant tous arrivés.
Ils sont tous arrivés.
Tous les trois sont maintenant
La côte au côté de la côte.
Ils arrivent tous trois sur la montée,
Cette montée qui fait semblant.
Elle est hypocrite, menteuse, et n'a pas d'hôtes.
Tous les trois cherchent,
Ensemble, le meilleur chemin.
Celui qui mène au meilleur,
Celui qui donne et donne encore,
Et qui ne semble jamais être en fin
De dons, qu'il donne à toutes heures.

Venez donc, Mesdames et Messieurs!
Jeunes Filles et jeunes hommes!
La voilà, elle, toute cherchée,
La voilà, maintenant à vos pieds,
Et qui vous montre la ferme
Où vous pourrez vous soigner.
Vous pouvez, vous devez, dorénavant,
Remercier vos compagnons
Qui vous ont devancé
Et qui vous ont sacrifié les sons.
Ceux qui dégoulinaient
Sous les soleils, avant.
Ceux qui vous ont permit,
Sous les arbres, les songes.

Quand vous n’entendrez plus cette douce musique,
Vous saurez qu’il est venu, le temps de répondre.
Il vous attendait, patient et brusque, irrité et placide.
Quand vous verrez que les oiseaux ne peuvent plus pondre,
Vous saurez, alors, que votre règne n’est plus qu’une vague.

Maintenant, c’est fini.
Maintenant, vous pouvez tout regagner.
Maintenant, et ne l’oubliez pas, vous pouvez vivre.