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Bely SAMET

Dans tous les sens

Ce n’est pas parce que je vois de moins en moins bien
Que je renonce à vous regarder,
Je possède ce regard intérieur qui fait que je vous vois
Avec le cœur sans rien éluder,
Et même si vous n’êtes pas très grand,
Je dirais plutôt que vous êtes un peu trop court,
Je garde le souvenir de votre beauté,
Je persiste et signe : Monsieur, vous valez le détour.

Ce n’est pas parce que j’ai perdu le sens de l’ouïe
Que je renonce à vous entendre,
A vous écouter faire vos exposés intéressants, soit
Mais sinueux, plein de méandres,
Devant un public subjugué pourtant beaucoup plus habitué
A de classiques discours,
Je garde le souvenir de votre voix,
Je persiste et signe : Monsieur, vous valez le détour.

Ce n’est pas parce que j’ai perdu le sens de l’odorat
Que je renonce à vous respirer,
A enfouir mon nez comme par le passé
Au creux de votre cou, continuer de vous flairer,
Restituer la réalité de vos senteurs
Qui se dispersent en mille effluves aux alentours,
Je garde le souvenir de votre parfum,
Je persiste et signe : Monsieur, vous valez le détour.

Ce n’est pas parce que j’ai perdu le sens du toucher
Que je renonce à vous caresser,
Mes mains gardent leur vivacité et continuent
De vous effleurer comme par le passé,
Tout mon corps aime votre contact,
Je vous frôle, vous enlace, vous serre, vous entoure,
Je garde le souvenir de votre douceur,
Je persiste et signe : Monsieur, vous valez le détour.

Ce n’est pas parce que j’ai perdu le sens du gout
Que je renonce à vous dévorer,
Je vous grignote, je vous déguste avec volupté,
Je vous préfère cuit à point bien doré,
Tout chaud comme un petit pain rond,
Moelleux à l’intérieur, croustillant tout autour,
Je garde le souvenir de votre saveur,
Je persiste et signe : Monsieur, vous valez le détour.

Ce n’est pas parce que j’ai perdu le sens des réalités
Que je vais renoncer à vous aimer,
Ce n’est pas parce vous m’avez fait perdre la tête
Que je vais maintenant me supprimer,
Parce que même lourdement handicapée,
Nous partageons tous deux le sens de l’humour,
Je garde le souvenir de votre ironie,
Je persiste et signe :
Avouez Monsieur, que vous et moi, nous valons le détour.