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Béatrice GABRIOT

Ville (mémoire d'un tronc)

Le village endormi dans la brume du soir
Est bientôt isolé dans sa pelisse noire,
Quelques pâles lumières à de rares fenêtres
Suppose qu'existait un quelconque bien-être !

Il y a bien longtemps, ne me rappelle pas,
Quand je suis suis arrivé : bravo, hurrah, hurrah !
Sur la place et ruelles on a dressé mes frères,
Et mes fils sont partis vers les humbles chaumières !

Et aux champs ce jour là le préfêt n'était pas,
Car sur une belle estrade on plaça l'échalas,
Qui sur une manette, avec cérémonie,
Appuya, étonné, comme s'il tombait du nid !

Alors, mes amis, ce fut une explosion,
La joie à l'unisson qui fusait des maisons,
Mais vous n'en doutiez pas, la grande nouveauté :
On venait d'installer la félectricité !

Le préfêt enchanté d'apporter la lumière
Ne pouvait se douter qu'à cet endroit sur terre,
Dans ce pays de gueux qui marchaient dans la boue
Une ville allait naître chassant ses loups garrous.

Une usine, et puis deux, et puis d'autres peut-être,
De nouvelles maisons, des rideaux aux fenêtres,
Magasins de casquettes, de gamelles et de bleus,
Et le tout à crédit, mesdames et messieurs !

Le vent frais ne sentait plus très bon le matin,
La soupe fut chassée, on tartina le pain,
Et l'ancienne route aux lourdes fondrières
Fit place à une allée garnie de mâchefer.

De l'ancestral village au temps mégalopole,
Je ne saurais sans honte dire ce qu'est le plus fol,
Je n'en dirais pas plus, je manque d'énergie,
Car bois l'on m'a jeté, béton est plus joli....






Commentaires :
Je n'en dirai pas plus, je manque d'énergie
Même si certaines centrales dont je taierai les noms
M'en fournissent tant et tant que sans cesse j'en vomis !