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Azeddine ALLOUN

Mais je suis déjà saoul -I-

Il me faut urgemment un cocktail qui détone
Pareil à l’ouragan qui ma jeté atone
Dans les murs avinés de ce temple omnibus
Où tous sommes enfants naturels de Bacchus.

C’est trop dire qu’ici l’esprit fût à la fête
A voir mes compagnons se méprendre de quête
Muets comme les dieux et le regard bovin
Confinant dans le spleen toute l’âme du vin.

Dès-lors en un soupir je me fais philosophe
Et fais sur le comptoir l’étude d’une strophe
Pouvant me léviter sur l’occulte versant
Du roc des persanes en pays musulman.

Le verre revolver j’exhume mon Khayâme
Et déclame aboyeur un quatrain à la dame
Qui m’affirmait n’avoir de soleil qu’Aragon
Et de lune qu’Elsa à l’âge de nylon.

Mais qui dit vénérer les fredaines du mâle
Quand-bien même tenant de l’essence animale
Surtout ceux qui narrés sans le moindre détour
Engendrent un amour torride chaque jour.

Et qui pour moi voudrait être Cybèle enceinte
D’une nouvelle muse aux verts reflets d’absinthe
Le blanc-seing prometteur d’un bouillon jouissif
Qui ferait Mallarmé tout rimeur compulsif.

Un lait noir pour doper la plume saxifrage
Qui s’en prend non au roc mais à la vierge page
Y assurant ainsi la défloration
D’un syllabus en mal de reconversion.

Qu’il est doux d’affubler loin de la gaudriole
D’un callipyge atour ma maigre gloriole
Et damner peu-à-peu cette dévotion
Que j’ai comme bigot pour l’inhibition.