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Athanase BELLEJONC

Vice Et Vertu

Quand nous sommes affligés de grands déplaisirs,
On ne souhaite qu'allègement de nos soupirs
Et cherchons le bouc qui deviendrait la cause
Des douleurs qui nous assaillent sans nulle pause.
Jugé coupable est celui qui, en ces moments,
Demande la patience des cours d'eau lents
Nous nous tournons donc vers la Vertu, ce bel ange,
Lui crions : « Pourquoi me laisser dans cette fange ?
Quand j'aspire à l'Amour, promesse de bonheur,
Tu me laisses, seul, dépérir dans mon malheur. »

Alors tournons-nous le dos à l'ange et le Vice,
Accourt: l'affable démon ouvre ses bras complices
Et promet d'ôter l'insoutenable fardeau
Qui accable l'échine et fait courber le dos.
Alors nous lui tendons la main, d'impatience.
Il offre des plaisirs que ne donnent la science.

Et nous croyons allégé le poids qui repose
Lourdement sur nos épaules et nous impose
La torpeur. Mais sitôt qu'il nous a pris la main,
Il s'agrippe à nos bras, et ce démon mesquin,
Insidieusement, dans le coeur insinue
Ses longs doigts, nous brise les reins et sous la nue
Nous laisse pleurer, abattu et pantelant.
Seul Atlas pourrait soutenir, sur notre flanc,
Le faix écrasant notre si pitoyable être.

Et, dans l'Espérance que ne nous envoie paitre
La Vertu, nous la supplions et l'implorons
De nous redonner patience et vigueur de tronc !