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Arwen GERNAK

Nous t’avions dessiné un monde en blanc

Ö bel enfant où s’est envolé le monde bleu
Que nous avions déposé au fond de tes yeux ?
De notre amour, nous avions fabriqué un écran,
Nous voulions te donner un futur en rose et blanc.

Quand comme toi, on a que quinze printemps
On n’est pas encore vraiment très grands !
Faute impardonnable de nous tes parents
De ne pas t’avoir dit que le monde est méchant.

Ton ciel, nous l’avions dessiné avec un arc-en-ciel
La terre nous l’avions couverte de merveilles !
Dans l’air nous avions vaporisé des senteurs de miel
Et tu riais de nous voir chasser les nuages du soleil.

Dehors t’avais envie de goûter comme les autres
Au fruit défendu, partir avec eux pour on ne sait où.
Tu n’as pas vu qu’ils n’étaient pas tous bons apôtres
Et leur vision noire semblait avoir un meilleur goût.

Oublié le parfum des jours heureux, s’enfoncer,
Faire un drame géant du premier amour se brisant.
Pleurer seul, larmes muettes, à tout dialogue renoncer.
Ne plus considérer que nous étions toujours présent.

Choisir de partir sans adieu, trop petit pour tant de peine
Laisser tous ceux qui restent avec des milliers de questions
Sans doute avais-tu au fond du cœur tout plein de haine
Pour nous, nous qui ne t’avions crayonné qu’une illusion.

Te voilà dormant maintenant dans une chambre de bois
Finis les contes, l’arc-en-ciel et les monts et merveilles.
Même tes jeunes lèvres ont perdu leur couleur vermeille
Seule reste de toi une brassée de fleurs dans un ruban de so

Les rivières rêvées sont devenues coulées de larmes
Nos yeux sont fermés aux étoiles, plus de firmament
Notre cœur s’est recouvert de nuages qui désarment
Ne reste que l’hiver, sans toi plus jamais de printemps.

20-03-05