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Arwen GERNAK

L’absente voix.

Quelle est cette étrange tristesse, ce sanglot,
Ces mots d’amour qui s’enchevêtrent sans un bruit
Et dont l’infinie détresse en est l’écho ?
Puisse le vent te les rapporter vers minuit!

L’absente voix a soudain émietté les airs de fête :
Je cherche des notes que je croyais perdues,
Une complainte aux variations secrètes,
Un refrain tendre qui ne s’est jamais tu.

Mon cœur saigne des larmes : nouvelle saveur,
Goût hybride d’amertume et d’affolement.
Et dans le silence immense des profondeurs
Elles inondent l’obscurité de mon tourment.

Puissions-nous retrouver ce pauvre radeau
Cette algue mouvante à la force insondable
Où seules les âmes initiées au sens du Beau
Bâtissent l’amour sur des châteaux de sable.

Et transpercée au-delà de mes chairs mortelles
La vague m’emporte au loin, vers un pays
Où un fou a dressé des nappes de dentelles
Entrelacées d’émeraudes et de rubis.

Vos volutes écoeurantes renflent ma peine.
La perfection de l’instant habite cette nue.
Dans ce mystère d’une arabesque incertaine
Où donc s’en sont allées ses mains pourtant tendues ?

O mes amis, la tristesse ce soir se fait
Bien plus invitante que votre compagnie.
O mes amis, rien n’est jamais plus parfait
Quand un fantôme disparaît pour une nuit.