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Arwen GERNAK

Cette maison, ma maison


Dans la maison, ma maison,
Les herbes folles ont envahi
Les murs, le sol et les plafonds
Le temps passé ne l’a pas trahie.

Les fenêtres sont en lambeaux ;
Les volets grincent et claquent,
La vigne vierge, comme un flambeau,
S’immisce, recouvre toutes les taques.

Dans la cuisine, la ciguë géante
Et quelques pieds de plantain miraculés
Comme des aromates, ces plantes odorantes,
Ont envahi, de leurs senteurs acidulées,

Les jointures des anciennes tomettes.
Je bénis cette nature fortuite
A qui, d’une main intrépide, je m’apprête
A rendre les couleurs de la terre cuite.

Sur un dressoir, les restes d’un déjeuner
Accommodé tendrement, amoureusement,
Souvenir d’une mère qui mitonnait
Le repas pour ses amours s’échinant aux champs.

Un chat noir, riant sous ses moustaches
D’un air coquin, d’un air cocasse, veille comme si
Toute cette vaisselle abandonnée, sans taches,
Attendait, m’attendait et pour ce me voici.

Dans le salon, sur un vieux bahut caduque,
Un pot oublié par une femme inconnue,
Dans le lierre, se dresse comme une nuque
Dont la tête n’est autre qu’une pensée émue.

A-t-elle soupçonné mes intentions nobles ?
Voit-elle dans mes yeux les rêves d’un architecte
Qui, redessinant les plans de l’antique vignoble,
Lui a trouvé une place et s’en délecte ?

Sous une armoire peinte en blanc, un peu déhanchée,
Portes grandes ouvertes, impatiente d’un renouveau,
Instantané aux couleurs de songes bordant le plancher
D’un rêve grandiose, fruit pensé, esquisse d’un pinceau.

L’horizon s’enflamme déjà, paysage émoustillé
Par cette intruse qui vient réveiller et non anéantir
La chaleur assoupie dans l’oubli de l’antique foyer.
Oui, je suis là, je viens rebâtir et non travestir !