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Arwen GERNAK

Age de fer

Age de fer

Au soir, l’hiver, le père rentrant à la chaumière,
Après un dur labeur, dans le bois solitaire,
Sa hache a entaillé plusieurs troncs centenaires,
Le manche a de sa main, endurci la lanière,
Tandis que tournoyait, le bras portant le fer ;

Et c’est pour les enfants, attentifs et vivants,
Qu’il soutient tout l’effort d’un cœur toujours ardent.
Sur les genoux déjà ils s’affairent heureux,
Réjouissant maman et la suivant des yeux.

Repartant dans la brise au jour du lendemain,
C’est cette image-là qu’il emporte sur le chemin,
Qu’il garde tout le jour, présente en son esprit,
Et quand, par la fatigue, son corps est assoupi,
Quand, à grands coups portés, au cœur du bois sonore,
Il a fourbu ses bras, ses reins et tout son corps,
Et chaque soir, ainsi recommençant encore,
Il a rempli sa tâche, sans penser à la mort,
Sans penser au repos, ni aux affres du sort,
Car ce n’est pas en soi que portait son effort,
Mais au-delà du jour, au-delà du présent,
En un lieu sans espace où l’espoir va croissant.

Il a pour ce destin, fait le plein de clameurs,
Et d’images de fêtes, aux lendemains trompeurs ;
Ses lambeaux de chagrins pendent aux ronces en fleurs,
Et la besace vide est légère à son cœur.

Demain dans le bois éclairci, au lieu des quatre bras,
Sur l’aire dégagée et ouverte autrefois,
Un monde inattendu, soudain se lèvera,
Ses voies géométriques, ses gares et ses beffrois,
Verrières éblouissantes et désertes parfois,
Dont tout l’éclat, au visage, est jeté ;
Les yeux en sont gavés et l’esprit aveuglé.
C’est un monde sans rêves, sans ombres et sans bonté ;
Un chien le traversant, ce matin, fut fauché.
Autrefois, les images habitaient la matière,
Et parfois s’échappaient de l’âme et de la pierre,
Pour dévoiler leurs traits aux yeux de la lumière,
Sans retirer de l’ombre, un brin de leur mystère.

La joue d’une enfant, à la courbe parfaite,
D’un jet d’eau retombait à sa source inquiète,
Et sa ligne en sifflant, très finement se trace,
Comme une aile en passant, fendant l’air et l’espace.

Sur l’aurore qui point, dans un ciel de cristal,
La massive apparence et l’acte vertical,
Que dresse sur la plaine, l’ombre architecturale,
A l’arrête plus vive et le front pariétal,
Tandis que du sommet de la voûte et ogive,
Descend sur l’édifice, une langueur pensive,
Et, qu’au ras des prairies, une brume lascive,
Fige dans le sommeil, maintes formes évasives.

N’avais-je pas rêvé, d’un éternel présent,