On n'a pas vu les feuilles s’affaler à terre, Assis sur une chaise trop droite, Comme un prie-dieu quelconque, L’automne s’installe chaque année et tue.
Il souffle ce vieux tyran le sourire aux lèvres, Et nous courbons la tête, Bien trop heureux de n’être, Que le prochain sur sa liste.
N’aurions-nous pas oublié ? La saveur fraîche des fruits, Tandis qu’en imbéciles vivants, Nous tentions d’enjamber les embûches !
Les regrets, cette douce amertume, Ce coup de fouet lent, comme du sel sur la plaie, Le goût subtil d’une sueur précoce, Nous préférions chanter la Lune.
Aujourd’hui c’est le poids de ces jours bâclés, Qui me plonge dans cet abîme suave et pourpre, Oui je me perds aux carrefours de la Raison, Pour mieux te retrouver, toi, le démon qui me hante.
