Ô douce Anna, en ce temps chaud des fenaisons Les hautes herbes fauchées, leur exhalaison Se mêlent au parfum des passions, la nuit tombée
Ô chère Anna, ce crépuscule dérobé Emporte un peu de ton visage en demi teinte J’ai en mémoire encor’ l’instant d’une étreinte
Le souffle de ta voix, l’odeur de ta nuque Reste et ne sois ni éphémère ni caduque Oui reste! que je te sois familier, aimant
Ta sève et ton suc, tout ce qui t’est nutriment Je ne suis point mort en vain, en ton coeur inconscient Qu’elles aillent au rythme des cycles à bon escient
Nos âmes se disperser au gré des saisons Sans chercher qui de nous eut tort ou eut raison Se disperser tel le pollen au gré du vent
Sans chercher le souvenir de l’auparavant Il déchire les cieux par une bourrasque En fardant le passé du plus vil masque
Ô Anna, l’hiver à pierre fendre ton coeur Peut bien attendre! laissons le merle moqueur Donner le la au charivari quotidien
Voici le temps des amours et du méridien La nuit tombe sur nous en poussière étoilée Elle trouve refuge en nos corps dévoilés
Dans une chambre obscure où les volets sont clos La fenêtre béante nous épargne l’enclos Les effluves nocturnes par les persiennes
Ont glissé jusqu’à nous, ô ma parisienne L’aube encor’ emprunte de notre nuit folle Met fin à notre émoi dan un lugubre envol.