Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

André MOLIMAR

Entre breton et cantabrique

Les hommes du labour,
Boiteux mutants, strabiques,
Gardaient un œil, le jour,
Tourné contre l'araire.
Et leurs grands bœufs antiques,
Comme au temps de Genèse,
En éventraient, bibliques,
La matrice matière.
Tirait, hochait puissant,
Le soc versait la glaise
Et animait la terre.
Lors l’autre, l’œil, veillant
Au caprice du temps.

Que percent les primevères,
Plates dorures, glas aphones...
Perles de rosée pendues
Aux rameaux d’arc-en-ciel…
Chapelets si fragiles,
Colliers de frêles bulles
Accrochées sur un fil
De l’araigne gracile....
De tout petits globules
Où la lumière circule.
Occultes sans un cil
Comme petite virgule...
Vois les regards d'enfants:
Et tout est magnifique!
Myriades d'yeux minuscules,
Où se mirent à l'envers
Des mondes microscopiques.

Elles gercent sous le vent,
Quand givrent sur les branches
Les fleurs de gelée blanche!

Les hommes de la mer,
Quand passée la tempête,
Se gardent de la joie,
Se défient de la fête.
Grimaces pour gaieté
Autant que sourires tristes,
Et les yeux délavés
Balaient le pont sinistre:
Ils contemplent le fer
Brûlé comme du bois.

Au-dessus, c'est la nuit,
Et crevant dans un rêve
Le blanc bandeau de brume,
Pâle falaise d'Albion
Sur un estran d'écume,
Luit,
Le cyclope Tropique,
Qui, de son œil unique,
Observe la courte trêve,
Réclame le talion
Depuis l’œil du typhon.