Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

André GUEVARA

La fontaine Saint-Médard de Cheviré-le-Rouge,

Il n'a plus rien à faire, en cette vie, cette vie sombre,
Plus rien ; un seul désir lui reste avant la tombe,
Celui de voir les choses claires, telles qu'elles sont,
Et se les donner avant la dernière oraison.

Aussi, tous les matins, à l'heure où l'herbe blanchit,
Il marche lentement, d'un pas qui le conduit,
Vieux et tremblant, négligeant le poids de l'âge,
Le mal de son regard, échauffe son courage.

Avec ses yeux troublés, au pas, il avance au hasard,
Dans l'espoir de trouver la fontaine Saint-Médard,
Et à la vue d'une église, il entre dans ce lieu,
Implorant la Vierge, Saint-Médard et puis Dieu.

De sa voix tremblante, accompagnée de sanglots,
Il adresse une prière disant en ces mots :
« Mon Dieu, Saint-Médard, guérissez mes yeux,
Ou le restant de mes jours n'en seront qu'affreux ».

Le vieil homme, dans un soupir ménage son dépit,
Lorsqu'une chaleur, dans son corps l'envahit,
Se sentant exhaussé de la grâce des cieux,
Il reprend sa route comme un caprice heureux.

Rassemblant ses forces et d'une allure intriguée,
Il arpente les rues, et dans le bas de Cheviré,
Il découvre enfin, la fontaine Saint-Médard,
Et de ses yeux malades, il y pose un regard.

Il se met à genou devant la fontaine tranquille,
Et prend de ses deux mains, cette eau qui scintille,
Il se hâte lentement, de s'en frotter les yeux,
Croyant être le seul à pouvoir regarder Dieu.

Heureux d'être guéri et las de ses fatigues,
Sur l'herbe, il s'étend dans un état critique,
Il remercie Dieu, ainsi que Saint-Médard,
D'avoir enfin vu, même si c'est bien tard.

Il ne peut s'empêcher de pleurer et de soupirer,
Revoyant tout à coup, tout ce qu'il a aimé,
Rendant son dernier souffle en fermant les yeux,
Il aperçoit son âme s'élever vers les cieux...