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Ambre DELUNE

En fin...

Je sais, il te paraît peut-être un peu rapide
D’envisager mon corps, inerte d’expression
Mais j’y songe parfois quand le goût insipide
De la mort me prévient à forcer sa mission

La vie n’est pas mortelle !
C’est nous qui l’abattons !
Lorsque nous transperçons de front sa carapace
Les brisures de l’âme ou les coups de bâtons
C’est nous qui les donnons, dans cet infime espace

Il y a ceux parfois qui surgissent d’une ombre
Qui se plantent au dos en couteaux affûtés
Que veux-tu y surseoir ? Que dire de leur nombre ?
Qu’ils soient mille ou un seul, je les ai affrontés !

Ils ont bien essayé quelquefois de m’atteindre
J’ai plié, je l’avoue, mais me suis redressée !
Je ne suis l’ennemie de personne, et m’éteindre
Par un coup bas porté, ne m’a pas empressée

Tu parles de courage ?
J’y vois la volonté !
Oui je préfère mieux ce mot plus élégant
La bravoure n’est rien qu’un défi éhonté
L’instinct me favorise au velours de son gant

Je n’imagine pas la fin comme une épreuve
Je la laisse venir à moi, sereinement
J’ai reçu tant d’amour, que je ne suis pas veuve
D’un trésor que je tiens pour l’éternellement !

Que pourrais-je te dire ?
Que pourrais-je prôner ?
Jamais un seul regret n’a su faner mes heurs
Un remords ? Ah ce mot ! Vois sa moitié trôner !
Mordre si je l’ai fait, c’est aux chairs des malheurs !

Pour mieux les engloutir, les fondre dans leurs vices !
Mais le bonheur aussi, tu sais, je l’ai croqué !
La passion ! Le désir ! Oh merveilleux sévices !
Ah le divin flambeau à jamais escroqué !

Jusqu’au bout j’userai les lambeaux de ma peau
Lorsqu’on aime la vie, elle est reconnaissance
Je l’aime et j’aime tant arborer son drapeau
Que je le porterai jusqu’à sa renaissance !

Sois ma toile d’enfin, le denier de mon culte
En toi je quêterai mon ultime faiblesse
Pour qu’à la nuit venue, la frénésie occulte
De franchir ce détroit aux frais de ta noblesse

Et lorsque de mon temps sonnera la sentence
Remboursant à mon sang un extrême d’écu
Fière d’avoir tenu mon serment d’existence
Alors, je m’en irai, riche d’avoir vécu